A l'usine
Trois heures du matin pleine lune,
La sonnerie d’un réveil déchire la nuit,
Sombre cacophonie nocturne.
Main crispée sur la table de nuit.
L’ouvrier sort de son rêve,
Toujours le même, avec sa femme,
Péniblement il se lève,
Première partie du mélodrame !
Hé Yubischa, t’es matinal,
Peut-on savoir ou tu cavales ? A l’usine !
L’ouvrier devant la machine,
L’œil crevé d’une lampe dans la nuit,
De ses pâles rayons diffuse,
Sa morne lueur d’ennui.
Deux ans déjà ça passe vite,
Le dernier repas en famille,
Tu devenais de plus en plus petite,
Sur un quai là bas, en Yougoslavie.
Arrête la machine, fais donc attention,
Si tu rêves trop, tes doigts resteront ! A l’usine !
Ne gaspille pas tes richesses,
Ton chef constamment le répète,
Tu profiteras de ta jeunesse,
Tu en profiteras, à la retraite...
Ouvrier attaché au boulot,
Prisonnier attaché au boulet,
Si la chaîne n’est plus comme avant,
Ils ont gardés les mêmes surveillants...
Hommes à l’usine, femmes à l’usine,
Enfants en consignes, avec l’espoir... A l’usine !
Le tam-tam de la galère,
Le rythme des 3/8 commence à rentrer,
Ils te marcheront sur les pieds,
Avec tes chaussures de sécurité !
Sécurité du travail à la chaîne,
Où le tam-tam fait ta-ta-ta-tam,
Tu aboies comme un chien à la chaîne,
Dernière partie du mélodrame:
Fabrique en série, tes journées pareilles,
Comme les prisonniers, le disque est rayé,
iskèrayé, iskèrayé, iskèrayé,
iskèrayé, iskèrayé. iskèrayé,
iskèrayé. iskèrayé.
1972
987
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