La paix commence avec un P, comme Pierre ou Paul,
Elle commence aussi comme papillon, ou printemps,
La paix commence comme Prévert, comme Pablo Picasso,
La paix commence comme peuple, la paix commence comme le pain,
Avec un « P » comme partage.
Mais, ils ont dit :
Que la paix commence avec un P comme posséder,
Ils ont dit qu’elle commence comme propriété
Et qu’elle commence comme prendre, ou comme pouvoir,
Ils ont dit que la paix commence comme prisonnier ou potence,
Ils ont dit aussi que la paix, ça n’a pas de prix.
Et pourtant la paix, ça se paie,
Et ça se réfléchit avec un P
Comme plomb dans la cervelle.
D' ailleurs, ils ont dit que la paix commence comme pigeon de la paix
!
Pigeon, avec un P,
Parce que pour eux, la paix a toujours commencé par un grand
pet,
Comme sa copine, Amour,
Amour, avec un grand cul...
Que la paix commence avec un P comme printemps,
Ou qu’elle commence comme printemps de Prague,
La paix se termine et finit en croix,
comme sur les cierges des églises, un P et puis un X superposé.
Qu’elle descende du Golgotha ou de lorraine,
La paix se termine et finit en croix,
La croix de saint André, en forme de X, sur laquelle on le crucifia.
Tant qu’il y aura des croix, gammées ou bien damnées,
La paix se terminera et finira toujours en croix,
Et on les cultive ces croix, au Vieil Armand ou à Verdun,
Comme on cultive la haine... par amour, de son pays...
Des croix noires devant leurs noms sur un carnet,
Bienvenue dans le camp de concentration !
La paix se termine et finit en croix.
Des croix qui croient ou des croix qui ont cru ?
C’est à cause des croix que le monde va de travers !
« Allons enfants de la patrie... »
Votre patrimoine sera un cimetière,
Chaque génération a eu son comptant de croix.
Depuis des temps immémoriaux,
Les hommes ont ensemencé la terre avec leur voisin.
Le voisin ne pousse pas, vous avez deviné ? C’était
de la mauvaise graine...
La paix se termine et finit en croix...
Avant de déboiser une forêt,
Le bûcheron trace une croix blanche sur les arbres qu’il
faudra abattre.
Pour les hommes c’est pareil !
La différence est que la croix, il la reçoit après
!
Croix de guerre pour la viande restée sur pied,
Et croix rouge pour ceux qu’on ramasse...
A chacun sa croix !
Si la croix des blessés reste rouge,
La croix des morts est nettoyée, lavée de son sang !
La croix de ceux qui meurent au combat, doit être blanche !
LACROIX ! SUPER CROIX ! Lave plus blanc !
Croix de bois, croix de fer,
Si je mens, je vais en enfer !
La paix se termine et finit en croix.
Les hommes aussi finissent en croix ; plus exactement, sous la croix
!
Au dessus on plante l’épouvantail, pour la postérité...
La paix se termine et finit en croix.
Et toujours pour des histoires de frontières !
C’est d' ailleurs là, qu’il y en a le plus !
Aux frontières !
Prenez une carte d’état-major,
Les frontières sont toujours représentées par des
croix,
Des petites croix qui se suivent,
Comme sur un fil, un fil... barbelé !
Les croix s’additionnent, c’est le signe qui veut ça
!
Et on a beau tirer une croix dessus,
C’est encore une croix !
La croix et la bêtise, ce sont de vieilles connaissances...
Elles vont ensemble sur le chemin,
Le chemin de croix, main dans la main,
Et quand elles se font des signes,
Ce sont bien sûr, des signes de croix !
Et la bêtise se signe.
Quand elle signe, la bêtise,
Quand elle appose sa signature,
La bêtise,
On a eu beau faire et l’envoyer à l’école,
La bêtise n’a jamais su écrire son nom,
Autrement qu’en faisant une croix.
1982