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Tu diras
Tu m'as plu
Valise verte
Vos vingt ans monsieur
 

Dis dieu ?

Vous êtes pieux et sur ces pieux
Je bâtirais au nom des dieux
Non une église mais un dortoir
Qui sera l'hôtel des dieux ce soir
Que l'on amène du bon vin
Pour les gosiers de ces divins
Je leur dirais "vous êtes trop nombreux"
Un peu de silence, nom de dieu !

En vérité dieu de la guerre
Qui porte fusil en bandoulière
Tu règnes toujours aux abatoirs
C'est donc là ta seule victoire ?
Et toi le timide dieu de la pâix
Ici-bas je ne te vois jamais
Il y a pourtant assez de sang
Pourquoi est-tu toujours absent ?

Et vous deux, bande d'imbéciles
Arrêtez donc vos guerres si viles
Dieu catholique dieu protestant
Avant qu'il n'y ait plus de combatants !
En l'espace de trente six années
Huit guerres vous vous êtes déclarés
Faut l'avouer, c'est une performance
Et voici que ça recommence

Et toi là-bas dieu des enfants
Ton air doit y être étouffant
Avec les gosses qu'on t'expédie
Il n'y aura plus de place au paradis
Les marionnettes du Biafra
Ont certe bouché ton adorat
Pas la peine d'aller communier
Ton paradis, c'est un charnier

Arrête de jeter des cailoux
Sur la gueule du protestant fou
Dieu protestant dieu révolté
Arrête donc de protester
Dieu des enfants, te laves pas les mains
Ne laisse pas crever tes gamins
Debout, dieu de la paix debout
L'heure a sonné pour les tabous :

Puis comme ils avaient beaucoup bu
Ils chantèrent "la digue du cul"
A pleins poumons dans l'escalier
En riant comme des écoliers
Ayant vidés tous mes tonneaux
A l'aube s'en furent sur leurs traineaux
Dans une débauche de mille clochettes
Réveil qui sonne... finie la fête !

1972